Agonglovɔ, textiles tissés
à la main à Agonglo

Agonglovo s’écrit Agonglovɔ en langue fon ou fɔ̀ngbè et signifie
“tissés à la main à Agonglo”.

Le fon était la langue de l’ancien royaume du Dahomey (Danhomè en langue fon), ancienne appellation du Bénin. Cette langue reste toujours l’une des plus parlées au Bénin, principalement dans le sud du pays, dans le plateau d’Abomey, Bohicon, Ouidah, Abomey-Calavi et Cotonou.

Le Palais privé du roi Agonglo,
lieu de tissage et de vie depuis 1789

Les ateliers de tissage qui abritent l’AVPTTA (Association pour la Valorisation et la Promotion du Tissage Traditionnel d’Abomey) et accueillent les tisserands des collectivités alentours ont été spécifiquement conçus au Palais privé du roi Agonglo.

Agonglo est le huitième roi du royaume du Danhomè. amoureux de l’artisanat et plus particulièrement du tissage, le roi réorganisa pendant son règne (1789-1797), la structure des métiers d’arts et s’entoura d’artisans-tisserands, qui aujourd’hui encore perpétuent leur savoir-faire au coeur de son Palais.

Pour le bicentenaire de la mort du roi Agonglo, en 1997, l’évêque Barthélémy Adoukonou, membre de la collectivité royale et descendant du fils aîné du roi a initié la restauration du lieu.
Le Palais est devenu un lieu de tissage partagé mais également un lieu de vie pour les collectivités alentours.

Aujourd’hui, les tisserands sont environ 30, âgés entre 25 et 70 ans.

Nous tissons des tissus
mais aussi la vie

Selon le maître tisserand Christophe Adonon, les tissus parlent aujourd’hui encore à la place du roi. Le tisserand ne tisse pas seulement les tissus mais il tisse aussi la vie ; il accueille l’homme à la naissance en emballant le placenta dans un tissu et l’accompagne jusqu’à la mort en l’enterrant dans son linceul ; il fabrique des hamacs pour le transport du roi ; il assure enfin la conservation de l’histoire à travers des motifs dans les pagnes tissés. 

Le Alɔgba, ou cadre à tisser, est le métier à tisser traditionnel de base constitué simplement de 2 cadres. Pour tisser un pagne, le tisserand fait un usage combiné de plusieurs outils indispensables en fonction du type de fil choisi et du type de pagne qu’il veut réaliser, ce qui lui permet de créer un dessin ou un motif sur le tissu.

3

Vers une teinture naturelle

La teinture permet de colorer les fils pour la fabrication des tissus de couleur. Les tisserands travaillent de concert avec le teinturier qui utilise soit des colorants chimiques soit la teinture naturelle. Le site dispose d’un grand nombre de plantes et d’arbres offrant un écosystème complet favorable à la teinture naturelle. Celle-ci présente deux avantages significatifs: une redéfinition du site du Palais comprenant à la fois le savoir-faire, les traditions et une partie des matières premières et ensuite l’opportunité d’utiliser la teinture naturelle comme un important levier créatif.

A terme, il est envisagé de constituer une culture d’arbres et de plantes tinctoriales au sein même du palais Agonglo. Cela permettrait de créer un atelier complet de teinture naturelle qui viendrait renforcer l’orientation vers une production de tissus locale et autonome et augmenterait l’attractivité de leurs productions en délaissant partiellement l’achat de fils teints chimiquement.

L'écorce du manguier “Manigefera Indica”

De nombreux manguiers sont présents sur le site du Palais Agonglo. On utilise son écorce et ses feuilles comme matière tinctoriale afin d’obtenir une palette de beiges, jaune-vert.

En collaboration avec Angèle Dahagbinde, maître teinturière basée à Abomey-Calavi/ Cotonou et Charlotte Marembert, maître teinturière basée à Bruxelles.